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"OnVoitDansl'Mur"
16 décembre 2006

Longue vie au lérot

Mardi matin, je sors le chien.  Dans la descente du garage, le vent avait abandonné quelques papiers sales.  Au milieu des papiers, sous la haie,  un petit corps immobile.  Je m'approche.  Toupet au bout de la queue, yeux cerclés de noir, grandes oreilles.  C'est un lérot.  La fourrure est intacte, aucune blessure n'est visible.  Je suis touché par sa beauté et fâché de ramasser encore un lérot mort.

Je prends le petit corps dans le creux de la main et l'examine attentivement.  Je le dépose près de la porte d'entrée en vue de le photographier.

J'oublie le lérot.  C'est vers midi, en prenant le courrier dans la boîte aux lettres que je me souviens de la bestiole gisant au pied du romarin.  Je prends un appareil photo et en cadrant, surprise, une patte remue. L'animal semble vibrer sous l'effet d'un rêve.  Il rêve donc il vit. 

Plusieurs heures endormi en pleine lumière.  Sans réaction quand je l'ai soulevé, examiné et tripoté. 

Je l'ai à nouveau en main.  Que faire ?  Les chats rôdent.

Dans ma paume, il bouge à peine.  Une patte qui s'étire, une secousse de la tête.  Plein sommeil qu'aucun son, aucun mouvement ne dérange.

Je l'emmène dans toute la maison à la recherche d'un abri. Je le place enfin dans une caisse en carton avec quelques grains de raisin.

Au milieu de l'après-midi,  je suis plongé dans la lecture.  Des séries de grattements intenses attirent mon attention.  Le lérot est éveillé.  Il tente de s'échapper en grimpant le long des parois de la caisse.  Ses tentatives ayant échoué, l'animal se roule en boule et replonge dans le sommeil.  Indifférent à ma présence.

Le relâcher le soir après le retour des chats?  Comme je devais quitter la maison, j'avais laissé un mot en ce sens à Colette.

A son retour, le couvercle de la caisse était légèrement soulevé, le lérot avait réussi la belle.  Déçue, elle passe dans la salle à manger.  Du coin de l'œil, elle aperçoit une petite bête sautillante qui atteint l'arrière du sofa.  Après mille ruses, elle contraint le lérot à s'enfuir vers le jardin.  Il se réfugie derrière une bougainvillée en pot et, paniqué, chute dans le creux du soupirail de la cave.

En fin de soirée, en observant cet endroit, je l'ai aperçu qui bondissait sous une branche de lierre.  Et puis, plus rien.

Longue vie au lérot.

lerot

Extrait de "Apnées", les éditions de l'heure, novembre 2006

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